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dressait-il ? qu’exprimait-elle ? Je ne sais.

« — La journée est belle, M. Barkis, » lui dis-je par politesse.

« — Elle n’est pas laide, » répondit l’énigmatique messager, qui se compromettait rarement par une parole affirmative.

« — Peggoty est tout-à-fait bien à présent, M. Barkis, » lui dis-je pensant lui faire plaisir.

« — Est-elle tout-à-fait bien ? » répondit-il.

Après y avoir réfléchi d’un air qui prétendait à la sagacité, M. Barkis se décida à regarder Peggoty et à lui faire la question :

« — Êtes-vous réellement bien ? »

Peggoty répondit oui en riant.

Cet oui ravit M. Barkis, et pour l’entendre encore : « — Êtes-vous réellement bien ? » répéta-t-il ; mais, cette fois, joignant le geste à la parole, il imagina de donner un léger coup de coude à Peggoty, et, en se rapprochant d’elle avec cette intention, il faillit m’étouffer.

Sur l’observation que Peggoty lui en fit, il se remit sur son siège ; mais il avait pris goût à cette ingénieuse pantomime, il trouvait sans doute que c’était là une merveilleuse invention pour causer sans frais de discours, et de temps en temps j’eus à supporter ses lourdes approches. Je finis par prendre mes précau-