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tement. Je n’aurais pas eu l’expérience du passé, que cette prudence m’eût été inspirée par la malignité du regard qu’elle fixait sur moi. Cependant elle se montra au moins femme de parole, et, le mois expiré, Peggoty et moi nous fîmes notre voyage.

M. Barkis vint dans la maison chercher les deux malles de Peggoty : pour la première fois il franchissait la grille du jardin, et en chargeant sur son épaule la malle la plus lourde, il m’adressa un coup d’œil qui me parut significatif, si cette impassible physionomie pouvait réellement exprimer quelque chose.

Peggoty était naturellement triste de quitter une maison qui avait été si long-temps la sienne, et où elle avait formé les deux grands attachements de sa vie, pour ma mère et pour moi. Elle était sortie de bonne heure le matin pour aller au cimetière. Quand elle monta dans la carriole, elle avait son mouchoir sur les yeux.

Tant qu’elle resta ainsi, M. Barkis ne fit pas le moindre mouvement : assis sur son siège habituel, il aurait pu être pris pour un conducteur empaillé. Mais quand elle commença à relever et tourner la tête, quand elle me parla, M. Barkis fit une grimace. À qui l’a-