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sujet. Qu’allait-on faire de moi ? il nous fut impossible d’en rien savoir.

Dans ma situation s’opéra un changement qui me délivrait en grande partie de mes ennuis présents, mais qui, si j’avais été capable d’y réfléchir sérieusement, aurait pu augmenter mon anxiété pour l’avenir. On cessa d’exercer sur moi la contrainte qui m’avait rendu si malheureux. Loin d’exiger que j’occupasse mon triste poste au salon, plus d’une fois Miss Murdstone, me voyant entrer, fronça le sourcil et d’un geste me mit à la porte. Loin de m’interdire la société de Peggoty, on ne s’occupait nullement de savoir où je pouvais être, pourvu que je n’eusse pas l’air de vouloir m’imposer à la solitude de M. Murdstone. J’avais d’abord eu une peur atroce qu’il n’entreprit de nouveau mon éducation ou que Miss Murdstone ne daignât s’y dévouer ; mais je ne tardai pas à penser que ces terreurs étaient sans fondement et que je ne devais m’attendre qu’à une chose, à être négligé.

Cette découverte ne me causa pas alors beaucoup de peine, j’étais encore tout étourdi de la mort de ma mère. Parfois je me figurais qu’abandonné totalement à moi-même, je