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pas la tête, car je veux te voir… » — Je fis ce qu’elle voulait… ah ! Davy, le moment était venu où se réalisait ce que je vous avais annoncé en vous faisant mes adieux… Oui, hélas ! il était venu le moment où elle se trouvait heureuse de pouvoir s’appuyer sur le bras de sa vieille Peggoty… et elle mourut comme un enfant qui s’endort. »

Ainsi finit le récit de Peggoty. Du moment que j’avais su la mort de ma mère, l’image de ce qu’elle était devenue pendant les derniers mois de sa vie s’était effacée de ma mémoire. Je ne me la rappelai plus que comme la jeune mère de mes premières impressions, roulant les belles boucles de ses cheveux autour de son doigt ou sautant avec moi dans le parloir. Ce que Peggoty venait de me raconter, loin de raviver mes souvenirs plus récents, ne fit que graver plus profondément dans mon esprit la première image. Cela peut paraître étrange, mais c’est ce qui est. Par sa mort je la vis revoler vers sa calme et belle jeunesse, et tout le reste s’évanouit.

La mère qui reposait dans son tombeau fut la mère de mon enfance : la petite créature dans ses bras, ce fut moi-même, tel que j’avais été autrefois… dormant à jamais sur son cœur.

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