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prochait d’être légère d’esprit et de cœur, elle eût voulu elle-même le faire croire ; mais cela n’était plus. Elle ne confia jamais à son mari ce qu’elle m’avait confié… elle avait peur de le dire à personne autre… jusqu’à ce qu’un soir, une semaine environ avant l’événement, elle dit à M. Murdstone : « Mon cher ami, je crois que je vais mourir. »

« — J’ai soulagé mon âme d’un poids, ma chère Peggoty, me dit-elle ce soir-là quand je l’aidai à se coucher… il y croira davantage chaque jour, le pauvre homme, pendant quelque temps, et puis ce sera passé. Je sens une grande fatigue. Si c’est là du sommeil, reste près de mot pendant que je dormirai. Ne me quitte pas. Dieu bénisse mes deux enfants ! Dieu protège et conserve mon enfant orphelin. »

» Je ne la quittai plus à compter de ce moment, reprit Peggoty. Elle parlait souvent à ces deux personnes de là-bas… car elle les aimait ; elle n’aurait pas pu ne pas aimer n’importe qui était auprès d’elle… mais quand elles s’éloignaient de son lit, elle se retournait toujours vers moi, comme s’il n’y avait pour elle de repos que là où était Peggoty, et ce n’était qu’avec moi qu’elle s’endormait.