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grin plus amer que celui qui m’accable depuis trois jours. Mais on m’entraîne, M. Chillip me parle, et quand nous sommes dans le salon, il me rafraîchit les lèvres avec un verre d’eau ; je lui demande la permission de me retirer dans ma chambre : « Oui, mon ami, allez-y, » me dit-il avec la tendresse d’une femme.

Tout cela, je le répète, me paraît l’histoire d’hier. Que d’événements plus récents se sont effacés de mon souvenir pour ne reparaître qu’au jour où tous les événements de notre existence seront évoqués à nos regards… mais celui-là est toujours présent.

Je savais que Peggoty viendrait me retrouver dans ma chambre. Le calme de ce jour correspondait si bien à toutes nos pensées, le calme d’un jour de dimanche, car j’avais oublié cette ressemblance de jours. Elle s’assit à côté de moi sur mon petit lit ; elle me prit la main dans la sienne, tantôt la portant à ses lèvres, tantôt la caressant comme elle eût fait à mon petit frère si c’eût été lui qu’elle avait à consoler. Enfin, par un effort, elle me fit, à sa manière, ce récit de tout ce qui s’était passé :

« Elle n’avait plus sa santé depuis long-temps ; son esprit était troublé, elle n’était pas heu-