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aux affaires : elle en donna la preuve en réduisant tout à des écritures et en ne se laissant émouvoir de rien. Pendant cette triste entrevue et jusqu’au lendemain, elle ne cessa pas d’écrire, parlant de temps en temps avec le même accent imperturbable, toujours raide, toujours impassible.

Son frère prenait un livre, l’ouvrait, avait l’air de le lire, et restait une heure entière sur la même page, puis le fermait, le laissait là, et se promenait en long et en large dans le salon. Je restais, de mon côté, les mains jointes, l’observant, comptant ses pas. Il parlait rarement à sa sœur, jamais à moi. Il semblait le seul de la maison qui fît un mouvement.

Je ne revis Peggoty que le soir, lorsqu’elle vint elle-même s’asseoir quelque temps au chevet de mon lit dès qu’elle me sut couché. Le lendemain matin, en passant près de la chambre où était toujours ma mère avec mon petit frère, je trouvai Peggoty sur le seuil de la porte, et elle me prit la main pour me faire entrer. Je remarquai le lit fait avec un soin particulier. Je me souviens que sous quelque chose comme une couverture blanche, il me sembla qu’il devait y avoir la personnification glacée de cette solennelle et silencieuse immo-