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d’aller tout préparer. » Il sortit alors ; — quant à Minette, elle mit son dé et ses ciseaux dans sa poche, fixa au corsage de sa robe une aiguille encore enfilée d’un fil noir, et rajusta proprement les diverses parties de son costume devant un miroir où j’apercevais l’image de sa figure heureuse.

J’observais tout cela du coin où j’étais assis, la tête penchée sur ma main et occupé de pensées bien différentes. La voiture, espèce de tapissière peinte en noir et attelée d’un cheval noir à longue queue flottante, s’arrêta bientôt devant la porte : on y transporta les corbeilles, et il y avait encore de la place pour nous tous.

Après ce que ces personnes venaient de faire, me trouver là avec elles, et les voir jouir du voyage que nous faisions ensemble comme d’une partie de plaisir !… je ne crois pas avoir jamais éprouvé depuis dans ma vie une sensation si étrange. Je ne leur en voulais pas ; non, mais c’était une sorte de frayeur qu’elles m’inspiraient, comme si elles eussent été des créatures d’une autre nature que la mienne. Rien n’interrompait leur gaieté. Le vieux M. Omer conduisait la voiture, assis sur la première banquette et se retournant de temps