sorte tous les autres, et il survit seul dans mon imagination.
J’ai même quelque difficulté à me persuader qu’il y eut un intervalle de deux longs mois entre mon retour à Salem-House et le mémorable anniversaire. Pour le comprendre, j’ai besoin de savoir que cela fut, j’ai besoin de me le dire ; autrement je croirais bientôt qu’il y eut tout au plus l’intervalle de deux fois vingt-quatre heures.
Comme je me rappelle quel temps il faisait ce jour-là ! Je sens le brouillard du matin qui enveloppait la maison ; je vois, à travers sa vapeur, la neige tombée la veille ; les mèches de mes cheveux se transforment en glaçons sur mes joues ; de distance en distance, la lueur d’une chandelle lutte contre l’atmosphère brumeuse de la salle d’étude, qu’épaissit encore la respiration des élèves soufflant dans leurs doigts pour les réchauffer, et battant de la semelle sur le plancher.
C’était après le déjeuner, et nous avions été rappelés de la cour dans la salle, lorsque entra M. Sharp, qui dit :
« — On demande David Copperfield au parloir. »
J’attendais une bourriche de Peggoty et je