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la journée, c’était le dernier, lorsque sonnait le premier coup de neuf heures, et que Miss Murdstone, ravie elle-même, me disait : « Allez vous coucher. »

Ainsi se traînèrent les vacances de Noël, jusqu’au matin, où Miss Murdstone s’écria : « C’est aujourd’hui le dernier jour, » et me versa la dernière tasse de thé.

Je ne fus pas fâché de partir. J’étais tombé dans un état de torpeur stupide ; cependant, je commençais à me réveiller un peu en songeant que j’allais revoir Steerforth, quoique M. Creakle fût derrière lui. M. Barkis reparut encore une fois à la grille du jardin, et, encore une fois, lorsque ma mère se baissait pour me donner le baiser d’adieu, Miss Murdstone, de sa voix sévère, lui dit : « Clara ! »

J’embrassai ma mère ainsi que mon petit frère, et j’éprouvai alors un vif chagrin, quoique ce ne fût pas le chagrin de la quitter ; car, dans la maison même, existait un vide entre nous ; — dans la maison même, notre séparation se renouvelait chaque jour. C’est aussi bien moins le baiser de ma mère que je retrouve gravé dans ma mémoire, quoiqu’il fût aussi tendre qu’il pouvait l’être… c’est bien moins ce baiser que ce qui suivit.