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Que de promenades solitaires je fis dans les sentiers de notre voisinage, par le ciel gris d’hiver, emportant avec moi le triste salon avec la présence de M. et Miss Murdstone, monstrueux fardeau qui me suivait partout, cauchemar de jour qu’il était impossible de secouer et qui engourdissait ma vivacité naturelle !

Que de repas silencieux où je sentais qu’il y avait à table un couvert de trop, le mien ; une chaise de trop, la mienne ; quelqu’un de trop, enfin, moi !

Que de soirées où l’on s’attendait à me voir prendre un livre, et où, n’osant pas en lire un qui fût amusant, je choisissais moi-même quelque traité d’arithmétique et essayais en vain de trouver les termes du problème, qui se mettaient d’accord pour moi comme un air à boire et une romance !

Que de bâillements involontaires, que de pénibles efforts contre le sommeil, que de réveils en sursaut, lorsque j’espérais pouvoir dormir inaperçu ; que de réponses vainement attendues à de petites observations, rares d’ailleurs ! Je me sentais à la fois compté pour rien, et néanmoins gênant pour tout le monde. Je n’avais souvent qu’un moment d’aise dans