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venant à moi, « je dis que je désapprouve que vous préfériez une compagnie comme celle de Mistress Peggoty à la nôtre, et qu’il faut y renoncer. Maintenant, vous me comprenez, je veux être obéi à la lettre, et vous savez quelles seraient les conséquences de votre désobéissance. »

Je le savais, mieux peut-être qu’il ne le pensait, relativement à ma pauvre mère, et je lui obéis à la lettre. Je ne me retirai plus dans ma chambre, je ne me réfugiai plus auprès de Peggoty ; je demeurai ennuyeusement au salon, appelant de tous mes vœux l’heure de me mettre au lit.

Quelle monotone contrainte je subis, passant des heures entières dans la même attitude, n’osant remuer un bras ou une jambe, de peur que Miss Murdstone ne se plaignît de ma turbulence ; évitant son regard, de peur d’y trouver l’expression de son mécontentement ! Quel ennui intolérable d’écouter le tic-tac du balancier de la pendule, ou de compter tout bas les petites perles d’acier que Miss Murdstone enfilait en chapelets ! Quelquefois, je me demandais si elle ne se marierait jamais, et cette supposition me faisait déplorer le sort du malheureux qui la prendrait pour femme.