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dans mes bras. Tout-à-coup Miss Murdstone poussa un cri si effrayant, que je faillis le laisser tomber.

« — Ma chère Jane ! s’écria à son tour ma mère.

» — Bonté du ciel ! Clara ! voyez-vous cela ! s’écria encore Miss Murdstone.

» — Quoi donc ? Mais qu’est-ce, ma chère Jane, demanda ma mère.

» — Il l’a pris ! dit Miss Murdstone avec la même épouvante, Davy a pris le petit enfant. »

Elle était comme paralysée d’horreur ; mais elle se raidit pour s’élancer sur moi et me reprendre mon petit frère ; puis elle faillit s’évanouir, se plaignit comme si elle était très souffrante, et il fallut lui faire avaler de l’eau-de-vie de cerises. Dès qu’elle eut recouvré ses sens, elle m’interdisit solennellement de jamais toucher mon frère, n’importe sous quel prétexte, et ma pauvre mère, qui, je le voyais bien, eût désiré le contraire, confirma doucement l’interdiction en ajoutant : « Sans doute, vous avez raison, ma chère Jane. »

Un autre jour, nous trouvant encore tous trois ensemble, ce même cher petit frère (car il m’était vraiment cher, à cause de notre mère), devint une nouvelle occasion, pour