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années. Hélas ! ma chambre avait été aussi ma prison.

Le lendemain matin, je me sentis peu à mon aise en descendant pour déjeuner. Je n’avais plus fixé les yeux sur M. Murdstone depuis mon mémorable attentat. Cependant il fallait bien le revoir. Je me présentai donc au salon, non sans avoir fait deux ou trois haltes à moitié chemin et être remonté en courant dans ma chambre sur la pointe des pieds.

M. Murdstone était debout, le dos tourné au feu, tandis que Miss Murdstone faisait le thé. Il me regarda d’un air sec, n’ayant pas l’air de me reconnaître.

J’allai à lui après un moment de confusion, et lui dis :

« — Je vous prie de me pardonner, Monsieur ; je suis bien fâché de ce que j’ai fait.

» — Je suis charmé d’apprendre que vous êtes fâché, David, répondit-il. »

La main qu’il me tendit était la main que j’avais mordue. Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil sur une petite cicatrice ; mais je fus bientôt troublé par la simple expression de sa physionomie.

« — Comment vous portez-vous, Madame ? dis-je à Miss Murdstone.