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clusion contradictoire qui la terminait. Elle réussit, car je me souviens que ma mère parut tout-à-fait heureuse pendant le reste de la soirée.

Nous prîmes le thé. Je voulus lire à Peggoty un chapitre du livre des crocodiles, en souvenir d’autrefois… le livre se trouvait justement dans sa poche, comme si elle l’y avait toujours gardé. Puis nous reparlâmes de Salem-House, ce qui me ramena à Steerforth, mon texte favori. Soirée de bonheur, la dernière des soirées bénies de mon enfance ! Jamais elle ne sortira de ma mémoire !

Il était près de dix heures quand nous entendîmes le bruit de la voiture qui s’arrêtait devant la grille. Nous nous levâmes tous. Ma mère dit qu’il était bien tard, ajoutant que, comme M. Murdstone et Miss Murdstone approuvaient que les enfants allassent se coucher de bonne heure, je ferais peut-être mieux d’aller me mettre au lit. Je l’embrassai et montai dans ma chambre aussitôt, avant que M. Murdstone et sa sœur entrassent au salon. Sur les degrés de l’escalier, mon imagination d’enfant me fit penser qu’ils introduisaient avec eux, dans la maison, un souffle glacial qui faisait évanouir toutes les images de mes premières