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avec moi… Quand je ne crois pas être reconnaissante comme je le devrais, je me le reproche, Peggoty ; je m’en veux alors et je doute de mon pauvre cœur. »

Ici Peggoty, voyant les yeux de ma mère se remplir de larmes, resta silencieuse en regardant le feu, et ma mère, à son tour, voyant Peggoty prendre l’air si triste, changea encore de ton et lui dit :

« — Allons, Peggoty, ne nous querellons pas ; vous êtes ma véritable amie, si j’en ai une au monde. Quand je vous appelle une créature absurde ou tourmentante, ou n’importe quel nom je vous donne, je ne cesse pas de penser que vous êtes ma meilleure amie et que vous l’avez toujours été, depuis le soir où M. Copperfield, m’amenant ici pour la première fois, vous vîntes sur la porte pour me recevoir. »

Peggoty ne tarda pas à répondre à ces cordiales paroles, et ratifia le traité d’amitié en me faisant à moi une de ses plus caressantes embrassades : je pense bien avoir deviné alors le vrai motif de cette explication ; mais aujourd’hui je suis certain que la bonne fille l’avait provoquée à dessein, uniquement pour que ma mère pût se consoler par la petite con-