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l’épouser pour son pesant d’or, ni lui ni un autre.

» — Alors, pourquoi ne pas le lui dire, sotte, dit ma mère.

» — Le lui dire ! » répliqua Peggoty jetant un coup d’œil de dessous son tablier. « Il ne m’en a jamais soufflé un mot. Il sait trop bien ce qui l’attendrait. S’il avait la hardiesse de me parler, je lui appliquerais un soufflet sur la joue. »

Son visage était devenu pourpre, mais elle le voila de nouveau avec son tablier et puis fut prise encore d’un accès de rire. Après deux ou trois de ces accès, elle continua son dîner.

Je remarquai que ma mère avait eu beau sourire en regardant Peggoty, elle devenait de plus en plus pensive et sérieuse. J’avais déjà observé en arrivant qu’elle était changée : toujours jolie, mais ayant l’air soucieux : sa main avait maigri et paraissait d’une blancheur presque transparente. Je fus surtout frappé de l’expression de physionomie avec laquelle ma mère entendit parler d’une proposition de mariage faite à sa fidèle servante ; j’y lus une inquiétude et une anxiété qui ne tardèrent pas à se manifester plus clairement.

« — Peggoty, dit-elle en prenant affectueu-