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En effet, M. Creakle n’avait pas jugé à propos de me faire recevoir deux pêcheurs, même endimanchés, dans le salon réservé aux visites.

« — Ne vous en allez pas, Steerforth, lui répondis-je ; » car, dans mon petit orgueil, je n’étais pas fâché de présenter à mes deux visiteurs un ami tel que Steerforth ni de faire connaître à celui-ci qui étaient M. Peggoty et Cham : « — Ne vous en allez pas, Steerforth, je vous prie. Voici deux mariniers de Yarmouth, — braves et excellentes gens, — des parents de ma bonne, et venus de Gravesend pour me voir.

» — Oui, oui, » dit Steerforth revenant sur ses pas, « je serais charmé de faire leur connaissance. Je vous salue, Messieurs. »

Quelle aisance dans ses manières ! quelle grâce naturelle et quelle distinction ! Sa voix avait un timbre si séduisant. Ah ! il avait réellement un attrait auquel peu de personnes pouvaient résister ! Je ne fus pas surpris qu’il produisît son effet ordinaire sur l’oncle et le neveu.

« — Quand vous verrez ma chère Peggoty, leur dis-je, ou quand Émilie lui écrira, je veux qu’on sache à la maison que M. Steerforth est bien bon pour moi, et que sans lui je ne sais ce que je deviendrais ici.