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Quelques mots ayant été échangés entre M. Creakle et Tungay pour décider entre eux où la visite serait reçue, on m’ordonna d’aller la recevoir dans le réfectoire. J’y courus tout troublé, me demandant qui ce pouvait être, pensant d’abord à M. ou à Miss Murdstone, puis à ma mère, et à cette dernière idée, ma main, déjà sur le loquet de la porte, ne le leva pas ; je m’arrêtai pour soulager mon cœur par un sanglot.

En entrant, je ne vis d’abord personne ; quand mon émotion se fut calmée, je reconnus MM. Peggoty et Cham qui, serrés contre le mur, me saluaient à grands coups de chapeaux. Je ne pus m’empêcher de rire, mais ce fut surtout de plaisir : les larmes vinrent après le rire dans l’échange de nos cordiales poignées de main… larmes de plaisir encore. M. Peggoty s’écria que j’étais bien grandi : Cham fit la même exclamation. Je leur demandai comment étaient ma mère, la bonne Peggoty, Mrs Gummidge et la petite Émilie, — série de questions sur lesquelles ils me satisfirent de leur mieux ; puis, après un intervalle de silence, M. Peggoty tira de sa poche deux énormes homards, une large écrevisse de mer et un grand sac plein de crevettes :