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« — Et qui l’a traité indignement, femmelette que vous êtes ? lui dit Steerforth.

» — Vous-même, répondit Traddles.

» — Et qu’ai-je fait à M. Mell ?

» — Ce que vous lui avez fait ? répliqua Traddles, vous avez blessé son amour-propre et l’avez privé de sa place.

» — Son amour-propre ! répéta Steerforth dédaigneusement, son amour-propre reprendra le dessus, j’en suis certain ; son amour-propre n’est pas le vôtre, mademoiselle Traddles ; quant à sa place… fameuse place, n’est-ce pas ? Pensez-vous que je ne vais pas écrire à ma mère pour qu’on lui compte une indemnité. »

Nous trouvâmes que Steerforth exprimait là de nobles intentions : il avait pour mère une veuve riche qui, disait-on, ne refusait rien à son fils. Nous finîmes par être tous enchantés de voir Traddles si bien relevé et nous exaltâmes Steerforth presqu’au troisième ciel, — surtout lorsqu’il nous eut déclaré, comme il daigna nous le répéter, qu’il n’avait rien fait que dans notre intérêt.

Il eut beau dire, ce soir-là, tandis que je racontais une histoire dans l’obscurité du dortoir, plus d’une fois je crus entendre la vieille