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le droit de se prévaloir des privilèges du favoritisme pour me dégrader.

» — Pour vous dégrader ! vous ! dit M. Creakle se croisant les bras et fronçant les sourcils. Eh ! mon Dieu, permettez-moi de vous demander… Monsieur comment vous appelez-vous… si, en parlant de favoritisme, vous avez eu pour moi le respect que vous me devez ? pour moi, Monsieur, qui suis le principal de cet établissement et celui de qui vous tenez votre place.

» — Monsieur, répondit M. Mell, je conviens que je ne l’eusse pas fait si j’avais été de sang-froid. »

Ici Steerforth intervint de nouveau en ces termes :

« — Il a dit encore que j’étais vil, que j’étais bas, et moi je l’ai appelé un mendiant. Si j’avais été de sang-froid, moi aussi, je ne l’eusse pas appelé mendiant ; mais je l’ai fait et je suis prêt à en subir les conséquences. »

Ce discours nous parut à tous un discours courageux, et il nous enthousiasma pour Steerforth, sans qu’aucun de nous se donnât la peine de considérer quelles pouvaient être ces conséquences que Steerforth avait le courage de braver.