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et de justice, ajouterai-je ; cela m’eût épargné quelque chose, Monsieur. »

M. Creakle, fixant sur M. Mell son regard le plus dur et s’appuyant sur l’épaule de Tungay, se tourna vers Steerforth et dit :

« — Voyons, Monsieur, puisque M. Mell ne daigne pas me l’apprendre, de quoi donc s’agit-il ? »

Steerforth éluda d’abord de répondre, se contentant de jeter sur son adversaire un regard de colère méprisante : j’avoue qu’en comparant alors l’air fier de Steerforth et l’air humilié de M. Mell, c’était l’élève qui avait sur le maître tous les avantages d’une noble distinction. Enfin Steerforth se décida à parler :

« — Demandez-lui, Monsieur, dit-il à M. Creakle, ce qu’il entend par favoritisme ?

» — Favoritisme ! répéta M. Creakle dont les veines frontales se gonflèrent insensiblement, favoritisme ! qui a parlé de favoritisme ?

» — C’est M. Mell, dit Steerforth.

» — Je vous prie, Monsieur, » reprit M. Creakle se tournant avec colère du côté de son sous-maître, « je vous prie, qu’entendez-vous par là ?

» — J’entendais, Monsieur, répondit M. Mell d’un ton modeste, qu’aucun élève n’a