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du matin avait été très bruyante. En vain le redoutable Tungay se présenta jusqu’à trois fois pour rétablir l’ordre et prendre les noms des plus turbulents. La jambe de bois n’en imposa guère. On était sûr d’être puni le lendemain, on voulait au moins jouir d’un jour de liberté.

C’était un samedi, et l’usage en faisait presque un demi-congé ; mais le temps n’étant pas favorable pour une promenade, nous reçûmes l’ordre de rentrer en classe dans l’après-midi. Nous aurions pu troubler le repos de M. Creakle en jouant sous ses fenêtres, et l’on se contenta de nous imposer quelques devoirs faciles, préparés pour la circonstance. C’était le jour de la semaine où M. Sharp sortait pour faire friser sa perruque ; de sorte que M. Mell, à qui incombait toujours la corvée, présidait seul à l’étude.

Si je pouvais associer l’image d’un ours ou d’un taureau avec un homme aussi doux que M. Mell, je le comparerais à un de ces animaux assailli par une meute de chiens. Je me le rappelle, au plus fort de la tempête, appuyant sa tête brûlante sur sa main osseuse et cherchant misérablement à poursuivre son travail au milieu d’un tumulte qui aurait