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goutte. Il s’empara donc des bouteilles qu’il enferma dans sa malle, près de son lit, et le contenu m’en fut administré par lui-même, toutes les fois qu’il jugeait que j’avais besoin d’être rafraîchi, au moyen d’un tuyau de plume adapté au bouchon. Parfois, pour rendre le spécifique souverain, il y ajoutait un quartier d’orange ou une pastille de menthe, et quoique tout cela ne composât pas précisément un stomachique selon l’ordonnance de la Faculté, j’avalais avec reconnaissance.

Peregrine Pickle dut bien durer plus d’un mois, et plus d’un mois aussi chacune de mes autres histoires. Ce qu’il y a de certain, c’est que la pension avait encore sa provision de contes lorsque le conteur eut épuisé ses rafraîchissements. Pauvre Traddles… je ne pense jamais à cet élève sans avoir à la fois envie de rire et de pleurer… Il remplissait à côté de moi les fonctions du chœur dans les pièces antiques, affectant des convulsions de rire aux endroits plaisants, et tremblant comme la feuille quand survenait une péripétie alarmante. J’en étais quelquefois embarrassé. Une de ses plaisanteries habituelles était de prétendre ne pouvoir s’empêcher de