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que la cloche sonnât. Mais Steerforth était un auditeur résolu, et comme, en retour, il m’expliquait mes leçons d’arithmétique, mes versions ou tout ce qu’il y avait de difficile dans mes devoirs de classe, je gagnais quelque chose à notre transaction : je veux cependant me rendre cette justice que je n’étais excité par aucun motif d’intérêt ou de crainte. J’admirais et j’aimais Steerforth : son approbation me dédommageait amplement.

Steerforth avait d’ailleurs des attentions pour son conteur, et il me le prouva dans une circonstance où Traddles et les autres durent subir le supplice de Tantale. Dans le second mois du semestre arriva la lettre promise de Peggoty, — aimable lettre accompagnée d’un gâteau au milieu de deux douzaines d’oranges et de deux bouteilles de vin de primevère. Comme de raison, je déposai ce trésor aux pieds de Steerforth pour qu’il en disposât.

« — Non, mon petit Copperfield, me dit-il, le vin servira à vous humecter le gosier quand vous me conterez des histoires. »

Je rougis à cette idée et le priai modestement d’y renoncer. Mais il prétendit avoir observé que je m’enrouais quelquefois et il voulait que personne ne me fît tort d’une