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» — Et vous en souvenez-vous ?

» — Oui, certainement, » répliquai-je ; car j’avais, en effet, une excellente mémoire.

« — Eh bien ! savez-vous ? mon petit Copperfield, me dit Steerforth, vous me les raconterez. J’ai quelque peine à m’endormir, et je me réveille toujours de bonne heure chaque matin ; nous les repasserons tous, les uns après les autres : nous en ferons une sorte de Mille et une Nuits. »

Je me sentis très flatté de ce projet et nous commençâmes à l’exécuter le même soir. Ah ! comme je dus arranger mes auteurs favoris en me rendant leur interprète ! Mais j’avais la foi du lecteur ingénu, et peut-être une certaine manière de raconter avec une simplicité sérieuse qui devait plaire à mes auditeurs.

Malheureusement, j’avais souvent envie de dormir, ou j’étais peu en train de continuer une histoire, et c’était alors une tâche pénible qu’il fallait toutefois accomplir à tout prix… Comment désappointer Steerforth ? comment songer à lui déplaire ! Puis, le matin, si je me sentais fatigué et disposé à goûter une heure de repos de plus, c’était peu amusant d’être réveillé comme la sultane Scheherazade et forcé de débiter de longues aventures avant