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et à M. Mell ce que le soleil est à deux astres secondaires.

Steerforth continua de me protéger, et son amitié me fut très utile, personne n’osant tourmenter quelqu’un qu’il honorait de son appui. Il ne me protégeait pas contre les sévérités de M. Creakle, — l’aurait-il pu ? mais, chaque fois que j’étais traité plus cruellement que d’ordinaire, il me répétait que je manquais de son énergie, et qu’à ma place il ne se laisserait pas tyranniser ainsi. C’était un encouragement dont je lui savais gré : la barbarie même de M. Creakle eut cela de bon pour moi, qu’elle me débarrassa de mon écriteau. Il s’aperçut qu’il me servait en partie de bouclier contre ses coups de canne, et il ne tarda pas à me le faire ôter pour cette raison.

Une circonstance particulière cimenta mon intimité avec Steerforth : ce fut pour moi un sujet d’orgueil, quoique non sans inconvénients. Je ne sais plus à quel propos je comparais, un jour, quelqu’un à l’un des héros de Peregrine Pickle : « — Vous avez donc lu ce roman ? « me demanda Steerforth, le soir, quand nous montâmes au dortoir.

« — Ce roman et plusieurs autres, » lui répondis-je en lui expliquant comment.