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le bedeau, pensant que c’était Traddles, l’expulsa de son banc. Je le vois sortir, sous la garde du bedeau, au milieu des fidèles scandalisés. Il ne voulut jamais dire quel était le vrai coupable, quoiqu’il fût puni le lendemain et passât plusieurs heures au cachot, d’où il sortit avec tout un cimetière de squelettes dessinés sur son dictionnaire latin. Mais il eut sa récompense : Steerforth déclara qu’il n’y avait rien du capon dans Traddles, et nous sentîmes tous que c’était là un grand éloge. Quant à moi, j’aurais consenti à bien des choses (quoique moins brave que Traddles et plus jeune) pour mériter une récompense semblable.

C’était pour moi un beau spectacle que de voir Steerforth nous précéder à la chapelle en donnant le bras à Miss Creakle. Je ne croyais pas Miss Creakle aussi jolie que la petite Émilie, et je ne l’aimais pas (je n’eusse pas osé) ; mais elle me semblait une jeune personne extraordinairement attrayante et d’une distinction supérieure. Quand Steerforth, en pantalon blanc, lui portait son ombrelle, j’étais fier de connaître Steerforth, et je comprenais qu’il était impossible qu’elle ne l’aimât pas. M. Sharp et M. Mell étaient, à mes yeux, deux personnages notables ; mais Steerforth était à M. Sharp