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comme prédestiné aux coups de canne. Je crois qu’il n’y eut pas un jour de ce semestre qu’il n’en reçut, excepté un lundi où il fut quitte pour avoir des coups de règle sur les doigts. Traddles avait un oncle ; il parlait toujours d’écrire à son oncle pour se plaindre, et il n’écrivait jamais ; mais, après avoir caché sa tête un moment sur son pupitre, il la relevait, reprenait son air joyeux, et, avant que ses dernières larmes fussent essuyées, il se remettait à dessiner des squelettes sur son ardoise. Je ne pouvais, au commencement, m’expliquer quel plaisir trouvait Traddles à dessiner des squelettes, et, pendant quelque temps, je le considérais comme une espèce d’ermite qui, par ces emblèmes de notre vie mortelle, cherchait à se rappeler que les coups de canne ne pouvaient durer toujours ; mais je crois qu’il dessinait plutôt ces figures que d’autres, parce qu’elles étaient plus faciles, n’exigeant aucune variété de physionomie.

C’était, d’ailleurs, un enfant plein d’honneur que Traddles, estimant que le devoir inviolable des élèves était de ne jamais se trahir les uns les autres. En maintes occasions, ce sentiment-là lui coûta cher, une fois particulièrement : Steerforth avait ri à la chapelle, et