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son sobriquet de M. Troc ; au moins avait-on ainsi de bon combustible ; mais la bière de table était, disait-on unanimement, un vol fait aux parents, et le pouding qu’on vantait dans les prospectus n’était qu’une déception. On parla de Miss Creakle : tout le monde s’accordait pour dire qu’elle aimait J. Steerforth ; et, certes, on pouvait le croire, en pensant à la voix agréable de cet élève, à son air distingué, à ses cheveux bouclés, à ses manières aisées.

Et M. Mell, que disait-on de lui ? Que ce n’était pas un mauvais homme, mais qu’il n’avait pas six pence vaillant et que l’on croyait savoir que sa mère était pauvre comme Job. Je me souvins de mon déjeuner à l’hospice et de la vieille qui avait appelé M. Mell mon Charlot ; mais je suis heureux de pouvoir ajouter que je restai là-dessus muet comme un poisson.

Toute cette causerie se prolongea quelque temps après le banquet. Puis, peu à peu, tous les convives gagnèrent leurs couchettes : il ne restait plus que Steerforth et moi, lorsque celui-ci me dit :

« — Bonne nuit, petit Copperfield, j’aurai soin de vous.