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et il fixa sur moi ses deux yeux comme s’il voulait me brûler de leur flamme.

Je repris en bégayant : « Excusez-moi, Monsieur, si je vous le demande, mais je vous assure que je suis bien fâché, Monsieur, de ce que j’ai fait… Voulez-vous permettre qu’on m’ôte cet écriteau avant que les élèves reviennent… »

M. Creakle était-il de bonne foi ? Ne voulait-il que m’effrayer ? je l’ignore ; mais il fit un bond comme pour s’élancer sur moi, et, sans attendre l’escorte de l’homme à la jambe de bois, je m’esquivai au plus vite. Je ne m’arrêtai qu’à la porte de ma chambre, et là, voyant que je n’étais pas poursuivi, je me mis au lit où je restai à trembler pendant une couple d’heures.

Le lendemain matin revint M. Sharp. M. Sharp était le premier maître et le supérieur de M. Mell. M. Mell prenait ses repas avec les élèves, mais M. Sharp dînait et soupait à la table de M. Creakle. C’était un homme à l’air délicat, le nez un peu saillant, et portant la tête penchée sur une épaule comme si elle était trop lourde pour lui. Il avait la chevelure bouclée ; mais le premier élève qui fut de retour m’apprit que c’était une perruque (achetée