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M. Creakle ; voilà ce que je suis. Je fais mon devoir, voilà ce que je fais ; mon sang et ma chair… — Il regarda ici Mrs Creakle, — mon sang et ma chair, lorsqu’ils se lèvent contre moi, ne sont plus ma chair et mon sang… je les renie… Cet individu est-il revenu ici ? demanda-t-il à l’homme à la jambe de bois.

» — Non, fut la réponse.

» — Non, dit M. Creakle ; il ne s’en aviserait pas. Il me connaît. Qu’il se tienne à l’écart, reprit M. Creakle frappant sur la table et regardant Mrs Creakle ; oui, il me connaît… Quant à vous, mon jeune ami, vous avez commencé de me connaître et vous pouvez vous retirer… Ramenez-le. »

Je fus enchanté d’être congédié ainsi, car Mrs et Miss Creakle essuyaient leurs yeux et je me sentais aussi chagrin pour elles que pour moi-même. Cependant, j’avais une pétition à faire, une pétition sur un sujet qui m’intéressait si vivement, que je recueillis tout mon courage, et, quoique surpris d’oser parler ainsi, je finis par dire :

« — Excusez-moi, Monsieur, si… »

M. Creakle m’interrompit en s’écriant de sa voix éteinte : « Ah ! qu’est-ce que c’est donc ? »