Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fort que lui coûtait la parole ou la contrariété qu’il éprouvait de parler ainsi, ajoutait à l’expression colère de sa physionomie et gonflait de plus en plus ses veines saillantes, ce qui m’explique comment je fus surtout frappé de cette particularité caractéristique.

« — Voyons, demanda M. Creakle, quel est le rapport sur cet enfant ?

» — Il n’y a encore rien contre lui, répondit l’homme à la jambe de bois, l’occasion a manqué. »

Il me sembla que M. Creakle était désappointé, et il me sembla aussi que Mrs et Miss Creakle ne l’étaient pas, car je venais enfin de les apercevoir et de les regarder l’une après l’autre attentives et immobiles.

« — Venez ici, Monsieur, me dit M. Creakle me faisant signe d’approcher.

» — Venez ici, dit l’homme à la jambe de bois répétant le geste.

» — J’ai le bonheur de connaître votre beau-père, poursuivit M. Creakle me saisissant par l’oreille, et c’est un digne homme, un homme d’un caractère énergique. Il me connaît et je le connais. Me connaissez-vous, eh ? dit M. Creakle me pinçant l’oreille avec une férocité badine.