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que M. Mell buvait dans une tasse de porcelaine bleue, et moi dans une tasse d’étain. Tout le long de la journée, jusqu’à sept ou huit heures du soir, M. Mell, installé à son pupitre spécial de la salle d’étude, était incessamment occupé avec un registre, une règle et des feuilles volantes qu’il couvrait de chiffres et d’écritures. Je sus, plus tard, qu’il dressait ainsi les mémoires de chaque élève pour le dernier semestre expiré. Son labeur quotidien terminé, il prenait sa flûte et en jouait avec une telle ardeur qu’il me semblait qu’il finirait par y laisser son dernier souffle

Je me revois moi-même assis dans les salles mal éclairées, le front sur une main, écoutant les plaintives mélodies de M. Mell ou repassant mes leçons du jour suivant. Je me revois là encore, songeant à la maison qui avait autrefois été ma maison, et à la plage de Yarmouth, en me trouvant bien triste et bien seul. Je me revois traversant le double rang de couchettes du dortoir et m’asseyant sur le bord de la mienne pour pleurer, parce que Peggoty n’était pas là pour me consoler en me mettant au lit. Je me revois descendant, chaque matin, un long escalier, et regardant la cloche qui m’a réveillé. Je me répète que cette même