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mandais : « Comment celui-ci et celui-là apprendront-ils, à leur retour des vacances, qu’ils ont un nouveau camarade dont il faut se défier parce qu’il mord ? » Un de ces noms, le plus souvent et le plus profondément gravé, était celui d’un certain J. Steerforth. « — Ce doit être un grand garçon me disais-je, qui lira mon écriteau avec emphase et me tirera les cheveux. » Un autre écolier s’appelait Tommy Traddles. « Ce Tommy-là, disais-je, me tournera en ridicule en prétendant être horriblement effrayé ; ce troisième, George Demple, fera une chanson à mes dépens ; » enfin, la pension se composait de quarante-trois élèves, selon M. Mell. Il n’y avait pas un seul de ces quarante-trois élèves qui ne m’apparût à la lecture de son nom sur cette porte, et qui ne me huât en criant à sa manière : « — Prenez garde à lui, il mord ! »

La même idée me poursuivait à côté de chaque pupitre et de chaque banc dans la salle d’étude, à côté de chaque couchette vide du dortoir, lorsque j’allais moi-même, le soir, me mettre au lit. Je me souviens d’avoir rêvé plusieurs nuits de suite de ma mère, quand ma mère n’aimait que moi ; puis je rêvais encore que je dînais chez la famille Peggoty ou que je voyageais sur l’impériale de la dili-