Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On ne saurait imaginer tout ce que cet écriteau me fit souffrir. Qu’on pût me voir ou non, je croyais toujours que quelqu’un me voyait. Il ne me servait de rien de me retourner et de ne trouver personne, puisque quelqu’un pouvait toujours survenir du côté où j’avais le dos tourné. Mes souffrances étaient encore aggravées par l’homme cruel à la jambe de bois. Il était autorisé à me faire subir ce tourment, et s’il me surprenait adossé à un arbre ou un mur, il me criait de sa voix formidable : « Holà eh ! Copperfield ; montrez votre écriteau ou je ferai mon rapport. »

Je fus, un matin, obligé de me promener dans la cour de récréation, traversée par tous les employés et les fournisseurs de l’établissement, afin que mon écriteau, lu par tous les domestiques, par le boucher, par le boulanger, les avertît tous qu’on devait prendre garde à moi. Je commençais à avoir peur de moi-même comme d’une espèce de petit sauvage qui mordait.

Il y avait, dans cette cour, une vieille porte sur laquelle les écoliers avaient coutume de sculpter leurs noms : elle était complètement couverte de ces inscriptions à la pointe du couteau. En lisant tous ces noms, je me de-