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milles m’effraya. Je m’armai de tout mon courage pour dire à mon guide que je lui serais bien obligé s’il me permettait d’acheter quelque chose à manger. Il parut surpris. — Après m’avoir bien regardé et avoir réfléchi : « J’ai à voir une vieille femme qui demeure ici tout près, me dit-il ; le mieux sera d’acheter un pain ou tout ce qui vous sera agréable, et de déjeuner chez cette personne qui nous procurera du lait. »

Nous cherchâmes en conséquence une boutique de boulanger, où nous nous décidâmes pour un pain brun qui me coûta six sous. De là, nous nous arrêtâmes aussi chez un épicier où nous achetâmes un œuf et une tranche de lard, dépense qui me laissa encore quelques sous du shelling dont le boulanger m’avait rendu la monnaie. Ces provisions faites, nous traversâmes un quartier qui me parut bruyant et tumultueux à donner le vertige ; nous passâmes sur un pont qui devait être London-Bridge, et nous arrivâmes à la demeure de la vieille femme, qui logeait dans un hospice charitable fondé pour quatre-vingts pauvresses, d’après l’inscription gravée au fronton de la porte principale.

Le maître du pensionnat Salem souleva le