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Plus solitaire que Robinson Crusoé, j’entrai dans le bureau où, sur l’invitation du commis, je passai derrière le comptoir et m’assis sur la balance qui servait à peser les bagages.

Là, pendant que je regardais les paquets, les malles, les registres, etc., respirant les parfums d’une écurie voisine, un cortège effrayant de réflexions nouvelles défila dans mon cerveau. Si personne ne venait me réclamer, combien de temps me tolérerait-on là ? Consentirait-on à m’y laisser jusqu’à ce que j’eusse dépensé les sept shellings qui restaient dans ma bourse ? Dormirais-je sur un des effets de voyage qui attendaient là leur propriétaire ? Irais-je me laver tous les matins à la pompe de la cour ? ou me mettrait-on chaque soir à la porte pour me permettre seulement de revenir le matin attendre toute la journée qu’on vînt me réclamer ? Et si ce n’était pas une méprise ou une négligence sans intention ? Si M. Murdstone avait imaginé ce plan pour se débarrasser de moi ? Une fois mes sept shellings consommés, que devenir ? Les gens du Sanglier bleu courraient-ils le risque de me voir mourir de faim dans le bureau et d’être forcés de m’enterrer à leurs frais ? Pourquoi ne pas partir tout de suite et