plutôt l’air, dans l’obscurité, d’une botte de foin que d’une dame. Elle voyageait avec un panier dont elle n’avait d’abord su que faire, jusqu’à ce que, sous prétexte que mes jambes étaient courtes, elle s’avisa de le pousser sous moi. Impossible de m’étendre et de m’allonger ; car si un de mes mouvements faisait résonner un verre logé dans le panier, je recevais un coup de pied auquel la dame ajoutait cette remontrance : « Ne pouvez-vous rester tranquille, mon petit poulet ? »
Enfin, le soleil se leva et mes compagnons semblèrent jouir d’un sommeil plus facile et plus léger, sans l’accompagnement de ces terribles bâillements et ronflements qui, pendant toute la nuit, avaient exprimé de véritables tortures. Ils finirent par se réveiller les uns après les autres, et je me rappelle ma surprise en les entendant tous déclarer qu’ils n’avaient pas dormi du tout ; ils repoussèrent même avec une sorte d’indignation l’accusation d’avoir fermé l’œil. C’est une surprise qui se renouvelle souvent pour moi aujourd’hui encore ; mais j’ai invariablement remarqué, sans m’en rendre bien compte, que de toutes les faiblesses humaines, celle dont nous nous reconnaissons le moins volontiers coupable,