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heures de l’après-midi et nous devions être rendus à Londres vers les huit heures du matin. C’était la fin de l’été ; la soirée était belle. Lorsque nous traversions un village, je cherchais à me figurer ce qui se passait dans l’intérieur des maisons, et si les enfants couraient après nous pour se suspendre pendant un bout de chemin à l’arrière-train de la diligence, je me demandais s’ils avaient un père et s’ils étaient heureux chez eux. J’avais donc de quoi exercer mon imagination sans parler de l’endroit où j’allais… sujet de réflexion plus grave que les autres. Quelquefois aussi je revenais en idée à la maison maternelle, à mes premières sensations d’enfant, à la tendresse de ma mère et de Peggoty, puis enfin à cette dernière scène où j’avais mordu M. Murdstone.

La nuit ne fut pas aussi agréable que la soirée, car elle se fit froide. Assis entre deux Messieurs (celui qui m’avait comparé au boa et un autre), je faillis étouffer tant ils me serraient quand ils s’endormaient. Deux ou trois fois je ne pus m’empêcher de leur crier : « Pardon, s’il vous plaît. » Mais ils n’aimaient pas cela du tout, parce que je les réveillais. J’avais en face une vieille dame qui, s’enveloppant d’un grand manteau fourré, avait