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dans ce pays. Vous ne devez plus rien autre… excepté l’étrenne au garçon. Ne vous occupez pas de l’encre, c’est moi qui la fournis à mes frais. »

Je rougis et balbutiai en demandant : « — Combien puis-je… combien dois-je… donner au garçon, s’il vous plaît ?

» — Si je n’avais pas une petite famille d’enfants, et si mes enfants n’avaient pas la petite vérole, je ne recevrais pas une pièce de 12 sous. Si je n’avais pas à nourrir un père âgé et une jeune sœur (ici le garçon était vivement ému), je ne prendrais pas un liard. Si j’avais une bonne place et si l’on me traitait bien ici, je serais heureux de donner une bagatelle au lieu de la prendre ; mais je vis du rebut de la cuisine et je dors sur les sacs de charbon. » Ici le garçon fondit en larmes.

Je fus très touché de ses infortunes, et je me serais reproché ma dureté de cœur si je lui avais donné moins de dix-huit sous. Je lui glissai donc dans la main un de mes trois beaux shellings, qu’il reçut avec beaucoup de respect et d’humilité, sans oublier, un moment après, de vérifier avec le pouce s’il était bon.

Lorsque je fus installé sur le siège de derrière où j’avais ma place retenue, je fus un peu déconcerté de découvrir que j’étais sup-