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je priai le voiturier de me rendre mon mouchoir ; il me conseilla de m’en passer tant il était trempé encore, et je me contentai de m’essuyer les yeux avec le parement de ma manche.

Après quelques accès de sanglots, je m’avisai de demander au voiturier s’il devait me conduire jusqu’au terme du voyage.

« — Jusqu’à quel terme ? me demanda-t-il à son tour.

» — Jusqu’à Londres.

» — Oh ! répondit-il, ce cheval serait bien mort avant d’être à moitié chemin. Je vous conduis jusqu’aux environs de Yarmouth, et là, je vous remettrai à la diligence qui se chargera de vous. »

M. Barkis (ainsi se nommait le voiturier), était si avare de ses paroles, que, de sa part, c’était beaucoup de m’avoir répondu si catégoriquement. Je crus devoir, en conséquence, lui offrir un gâteau, qu’il avala flegmatiquement, n’en faisant qu’une bouchée, exactement comme eût fait un éléphant.

Cependant il hasarda cette question.

« — Est-ce elle qui les a faits ?

» — Qui, elle ? Peggoty.

» — Oui, elle !