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goty. Là-dessus, nous nous dîmes adieu. De ce moment naquit en moi, pour Peggoty, un sentiment que je ne puis très bien définir. Elle ne remplaça pas ma mère, une mère ne pouvant être remplacée, mais j’éprouvai pour elle une affection comme ne m’en inspira jamais aucune créature humaine. C’était une affection qui avait son côté comique ; cependant je ne sais ce que j’aurais fait si elle fût morte.

Le lendemain matin, Miss Murdstone se montra à l’heure ordinaire et m’apprit que j’allais en pension ; ce qui n’était pas une nouvelle pour moi, comme elle le supposait. Elle me dit aussi que lorsque je serais habillé, je devais descendre au petit salon pour y déjeuner. Je trouvai là ma mère, très pâle et les yeux rouges. Je me jetai dans ses bras et lui demandai pardon du plus profond de mon âme.

« — Ah ! David, dit-elle, est-il vrai que vous ayez pu faire du mal à quelqu’un que j’aime ! Tâchez d’être meilleur, tâchez d’être meilleur ! Je vous pardonne ; mais je suis bien chagrine, David, de vous voir de si mauvaises passions dans le cœur. »

On lui avait persuadé que j’étais un méchant enfant, et elle était plus affligée de cette idée