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qu’ils ne vinssent à deviner que j’étais prisonnier ; enfin, c’était une sensation étrange que celle de mon propre silence au milieu de ce continuel retour des sons et du mouvement de la vie ordinaire, qui me rappelait un isolement dont je ne pouvais prévoir le terme.

La dernière nuit de cette séquestration, je fus éveillé en sursaut en entendant prononcer mon nom à voix basse. Je me redressai sur mon lit, et étendant les bras dans les ténèbres, je demandai :

« — Est-ce vous, Peggoty ? »

La réponse ne fut pas immédiate ; mais bientôt mon nom fut prononcé encore avec un ton si mystérieux et si effrayant, que je crois que j’aurais eu un accès de convulsion, si je n’avais enfin réfléchi que la voix m’appelait à travers le trou de la serrure.

J’allai à tâtons jusqu’à la porte, et appliquant mes propres lèvres au même étroit passage, je répétai tout bas :

« — Est-ce vous, ma bonne Peggoty ?

» — Oui, mon cher petit Davy, répondit-elle ; ne faites pas plus de bruit qu’une souris, ou le chat nous entendra. »

Je compris que le chat était Miss Murdstone, sa chambre étant tout proche.