Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plice de ma douleur et de ma rage impuissante.

Devenu plus calme, quel silence étrange me sembla régner dans toute la maison ; en même temps, comme je commençais à me sentir méchant ! … J’écoutai, et je fus effrayé de ne rien entendre : je me relevai, et, me regardant à la glace, j’eus presque peur de mon visage si rouge et si enflé ; les coups de lanière m’avaient déchiré la peau, et j’en éprouvais une nouvelle cuisson qui m’arrachait encore des larmes quand je remuais ! mais ce n’était rien comparativement au remords qui me déchirait l’âme. Ce remords n’aurait pas été plus accablant si j’avais commis un crime atroce.

Le jour baissait et j’avais fermé la fenêtre de la chambre, quand la clé tourna dans la serrure de la porte, et Miss Murdstone entra avec une tasse de lait, un morceau de viande et du pain, qu’elle déposa sur la table sans prononcer une parole, me regardant avec une fermeté exemplaire : puis elle se retira tirant la porte après elle.

La nuit étant venue, je m’assis, m’attendant toujours à voir venir quelqu’un. Quand je renonçai à cette attente, je me déshabillai et me