Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Murdstone me pose ainsi verbalement : — Si je vais chez un marchand de fromages et achète cinq mille fromages doubles de Glocester, à neuf sous pièce, quelle somme ai-je à payer ? — À cette question, je vois Miss Murdstone toute radieuse : j’ai beau rêver à ces fromages, le total m’échappe ; l’heure du dîner arrivant sans résultat, je suis condamné au pain sec et je reste en disgrâce pour toute la soirée.

Telles étaient les cruelles épreuves de mes heures d’étude. Il me semble cependant que je m’en serais assez bien tiré sans les Murdstones : mais leur influence opérait sur moi la fascination de deux serpents sur un pauvre petit oiseau.

Alors même que je parvenais à dire passablement mes leçons du matin, je n’y gagnais guère que mon dîner ; car Miss Murdstone ne pouvait supporter l’idée de me voir à ne rien faire. Si j’avais l’imprudence de paraître au terme d’une tâche, elle appelait sur moi l’attention en disant, — « Clara, il n’est rien de tel que le travail : donnez un exercice à votre enfant ! » — M. Murdstone était toujours là, qui m’avait bientôt trouvé un nouveau pensum. Quant à prendre ma récréation avec les autres enfants de mon âge, cela m’arrivait rarement ;