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personnage noir dont vous me parlez dans votre billet. S’il vous convenait de venir lundi prochain à midi (je fais une petite absence à la campagne dans l’intervalle), ce sera un grand plaisir pour moi de faire personnellement votre connaissance.

» Je vous remercie beaucoup de la Cloche de Tocsin, ainsi que de tout ce que vous me dites d’obligeant et d’aimable.

» Croyez-moi fidèlement à vous,
» CHARLES DICKENS. »
À M. AMÉDÉE PICHOT.

Nous n’eûmes garde de manquer au rendez-vous, le personnage noir et moi. Je ne décrirai ni le cabinet élégant où nous fumes reçus, ni les riches bibliothèques remplies de beaux livres bien reliés, où se portaient avidement nos yeux de bibliophiles, ni le portrait de femme qui nous révéla tout d’abord qu’il y avait dans la maison un de ces anges domestiques que le ciel accorde quelquefois ici-bas à l’homme de lettres pour l’encourager au culte du beau et du bon ; je ne raconterai pas notre entretien à trois, qui devint tout-à-fait cordial lorsque notre hôte eut vérifié par un de ses malicieux regards qu’aucun pied fourchu n’avait franchi le seuil de sa porte : il faut donc que le lecteur se contente de mon affirmation répétée, que Charles Dickens est un causeur de bonne compagnie, fécond en saillies fines, et ajoutant une grâce de plus à son esprit par son sourire plein de franchise. Sa pantomime est expressive, sans sortir des limites de la dignité britannique ; et lorsque j’ai entendu vanter, depuis, son rare talent comme lecteur et comme acteur sur les théâtres de société, j’ai compris facilement que le noble marquis de Normanby avait en lui son plus redoutable rival.

Le charme qui vous attache tout d’abord à Charles Dic-