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J’eus peine à trouver la porte, tant les larmes me troublaient la vue ; ma mère me semblait si malheureuse ; mais je me retirai à tâtons et montai de même jusqu’à ma chambre dans l’obscurité, n’ayant pas le cœur d’aller dire bonsoir à Peggoty ni de lui demander une lumière. Lorsqu’elle vint elle-même, deux heures après, pour voir si j’étais couché, je fus facilement réveillé par le bruit de ses pas, et j’appris d’elle que ma mère était allée se mettre au lit dans un triste état, laissant M. Murdstone et sa sœur en tête-à-tête.

Étant descendu le lendemain matin un peu plus tôt que d’habitude, je m’arrêtai contre la porte du salon en entendant la voix de ma mère ; elle implorait humblement le pardon de Miss Murdstone qui le lui accordait. Une réconciliation parfaite eut lieu. Jamais, depuis cette scène, ma mère ne s’avisa plus d’énoncer une opinion sur n’importe quoi, sans en avoir d’abord appelé à Miss Murdstone ou avant de s’être informée par quelque voie détournée de l’opinion de Miss Murdstone ; jamais je ne vis Miss Murdstone, quand elle était de mauvaise humeur (c’était là son unique faiblesse), porter la main à son sac comme si elle allait en tirer les clés et offrir de les rendre à ma mère, sans