Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mon bon vieux maître pour lui murmurer quelques paroles de consolation et d’encouragement. Il posa sa main sur mon épaule, comme il avait coutume de le faire, quand je n’étais qu’un tout petit garçon. Mais il ne releva pas sa tête blanchie.

« Comme vous ne m’avez pas compris, maître Copperfield, reprit Uriah du même ton officieux, je prendrai la liberté de dire humblement ici, où nous sommes entre amis, que j’ai appelé l’attention du docteur Strong sur la conduite de mistress Strong. C’est bien malgré moi, je vous assure, Copperfield, que je me trouve mêlé à quelque chose de si désagréable ; mais le fait est qu’on se trouve toujours mêlé à ce qu’on voudrait éviter. Voilà ce que je voulais dire, monsieur, le jour où vous ne m’avez pas compris. »

Je ne suis comment je résistai au désir de le prendre au collet et de l’étrangler.

«  Je ne me suis probablement pas bien expliqué, ni vous non plus, continua-t-il. Naturellement, nous n’avions pas grande envie de nous étendre sur un pareil sujet. Cependant, j’ai enfin pris mon parti de parler clairement, et j’ai dit au docteur Strong que… Ne parliez-vous pas, monsieur ? »

Ceci s’adressait au docteur, qui avait fait entendre un gémissement. Nul cœur n’aurait pu s’empêcher d’en être touché ! excepté pourtant celui d’Uriah.

« Je disais au docteur Strong, reprit-il, que tout le monde pouvait s’apercevoir qu’il y avait trop d’intimité entre M. Maldon et sa charmante cousine. Réellement le temps est venu (puisque nous nous trouvons mêlés à des choses qui ne devraient pas être) où le docteur Strong doit apprendre que cela était clair comme le jour pour tout le monde, dès avant le départ de M. Maldon pour les Indes ; que M. Maldon n’est pas revenu pour autre chose, et que ce n’est pas pour autre chose qu’il est toujours ici. Quand vous êtes entré, monsieur, je priais mon associé, et il se tourna vers M. Wickfield, de bien vouloir dire en son âme et conscience, au docteur Strong, s’il n’avait pas été depuis longtemps du même avis. M. Wickfield, voulez-vous être assez bon pour nous le dire ? Oui, ou non, monsieur ? Allons, mon associé !

— Pour l’amour de Dieu, mon cher ami, dit M. Wickfield en posant de nouveau sa main d’un air indécis sur le bras du docteur, n’attachez pas trop d’importance à des soupçons que j’ai pu former.