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J’étais l’objet de toute sa sollicitude et ma pauvre mère elle-même n’eût pu m’aimer davantage, ni se donner plus de peine pour me rendre heureux.

Peggotty avait regardé comme une haute faveur le privilège de se faire accepter pour participer à tous ces travaux, et, quoiqu’elle conservât à l’égard de ma tante un peu de son ancienne terreur, elle avait reçu d’elle, dans les derniers temps, de si grandes preuves de confiance et d’estime, quelles étaient les meilleures amies du monde. Mais le temps était venu, pour Peggotty (je parle du samedi où je devais prendre le thé chez miss Mills), de rentrer chez elle pour aller remplir auprès de Ham les devoirs de sa mission.

« Ainsi donc, adieu, Barkis dit ma tante ; soignez-vous bien. Je n’aurais jamais cru que je dusse éprouver tant de regrets à vous voir partir ! »

Je conduisis Peggotty au bureau de la diligence et je la mis en voiture. Elle pleura en partant et confia son frère à mon amitié comme Ham l’avait déjà fait. Nous n’avions pas entendu parler de lui depuis qu’il était parti par cette belle soirée.

« Et maintenant, mon cher David, dit Peggotty, si pendant votre stage vous aviez besoin d’argent pour vos dépenses, ou si, votre temps expiré, mon cher enfant, il vous fallait quelque chose pour vous établir, dans l’un ou l’autre cas ou dans l’un et l’autre, qui est-ce qui aurait autant de droit à vous le prêter que la pauvre vieille bonne de ma pauvre chérie ? »

Je n’étais pas possédé d’une passion d’indépendance tellement sauvage que je ne voulusse pas au moins reconnaître ses offres généreuses, en l’assurant que, si j’empruntais jamais de l’argent à personne ce serait à elle que je voudrais m’adresser et je crois, qu’à moins de lui faire à l’instant même l’emprunt d’une grosse somme, je ne pouvais pas lui faire plus de plaisir qu’en lui donnant cette assurance.

« Et puis mon cher, dit Peggotty tout bas, dites à votre joli petit ange que j’aurais bien voulu la voir, ne fût-ce qu’une minute ; dites-lui aussi qu’avant son mariage avec mon garçon, je viendrai vous arranger votre maison comme il faut, si vous le permettez. »

Je lui promis que personne autre n’y toucherait qu’elle, et elle en fut si charmée qu’elle était, en partant, à la joie de son cœur.

Je me fatiguai le plus possible ce jour-là à la Cour par une multitude de moyens pour trouver le temps moins long, et le